Depuis la mort de Pie XII en 1958, un groupe rationaliste considère l’ensemble des papes qui lui ont succédé comme des usurpateurs. En d’autres termes et selon eux, cela fait plus d’un demi-siècle que des imposteurs se sont succédés à la tête du Vatican et de l’Église romaine. Les personnes animés de cette conviction sont connues sous le nom de sédévacantistes.
Le rejet du Vatican
Étymologiquement, sédévacantisme vient du latin « sede vacante » : siège vide. Cela signifie que le siège de Saint Pierre est vacant. Autrement dit, cette expression fait référence à l’intervalle compris entre la mort ou la démission d’un pape et la nomination d’un successeur.
Si l’on se fie à cette définition, les sédévacantistes considèrent que celui qui est à la tête du Vatican est illégitime. Vous devez savoir que cette position des catholiques-sédévacantistes ne date pas d’aujourd’hui. Cette défiance a vraiment commencé, il y a près de 70 ans et, dès 1962, avec le pape Jean XXIII.
Quelles sont les raisons de ce conflit ?
Le pape Jean XXIII fut l’un des premiers réformateurs de l’église. Si pour lui, faire rentrer l’Église dans une nouvelle ère avec de nombreux changements était nécessaire, ce n’était pas l’avis de tous. La tendance qu’il a amorcée semble pourtant s’être confirmée et tous les papes qui lui ont emboité le pas, année après année, finirent par être méprisés par les sédévacantistes et furent traités comme des hérétiques.
Trop d’évolution tue la tradition. Le progressisme n’est pas la bienvenue dans la religion pour les catholiques-sédévacantistes. Pour eux, l’Église catholique n’a jamais tort. Depuis les origines, elle suit le message biblique et christique et ses enseignements, comme ses rites, sont sacrés. Pas question de sacrifier au progrès ou de laisser des grandes idées d’ouverture l’emporter. Toute tentative pour reformer l’Église dans le sens de concessions à la modernité n’est donc pas acceptable. Voilà en quelques mots la position que défendent les catholiques-sédévacantistes. Pour eux, l’Église catholique doit conserver ses traditions. Pour qui connaissait un peu l’Église d’avant les années soixante, il faut reconnaître que les sédévacantistes en ont eu pour leur compte en matière de changements et ce jusque dans l’actualité récente. De leur point de vue, on peut même parler de dégringolade complète.
Des ultraconservateurs, mais minoritaires
Les catholiques traditionalistes sont plutôt nombreux, mais ceux qui le sont au point de ne pas reconnaitre l’autorité du pape restent en faible minorité. En faire une liste exhaustive serait impossible, ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin.
Un nom bien connu lié à cette doctrine est le mexicain jésuite Joaquin Saenz y Arriaga qui, suite à la publication d’un article jugé hérétique, fut excommunié. On peut même dire qu’il est l’une des têtes pensantes ayant développé les idées de la doctrine du sédévacantisme. Une autre personne ayant également fait parler d’elle est l’archevêque Pierre Martin Ngo Dinh Tuc originaire du Vietnam. Dans les pays où la religion chrétienne est encore vivace, on attend souvent beaucoup de Rome et des positions du Vatican ; et il n’est pas rare qu’on y chérisse la tradition et certains principes forts des évangiles ou des rites catholiques.
Conclusion
La tendance antipape est bien réelle au sein de certains traditionalistes, mais leur influence n’est pas très grande au point d’en inquiéter l’Église catholique. Face aux millions de catholiques dans le monde, ils ne demeurent qu’une poignée. Il ne faut pourtant pas négliger le sédévacantisme pour une raison simple. C’est un peu comme une goutte qui tomberait en permanence dans un calice. Le mouvement peut prendre de l’ampleur, à chaque nouvelle décision ou renoncement spectaculaire des papes romains sur les positions ancestrales de l’Église.